Le livre existe pour raconter des histoires. De vrais histoires d’hommes, d’animaux, de plantes. Des fables qui racontent un autre passé, un futur qui n’existe pas et aussi des paraboles mille fois refaçonnées pour rassurer l’être face à l’inconnu.
Si le livre écrit a ses mots pour faire rire, pleurer ou réfléchir, et s’il m’emporte vers la culture de l’esprit, le livre d’images avec ses empreintes colorées sur papier blanchi, possède à sa manière une autre force d’évocation.
L’album photo familial sitôt entrouvert, exhale d’entre ses pages plastifiées, la joie, l’amitié, l’amour réussi ou l’amour trahi, la naissance ou le souvenir de la disparition. C’est étonnant comment ce catalogue de moments passés, parvient à revisiter l’histoire des uns et des autres. Sur les plus vieilles images imprégnées de blanc et de gris, parfois floues ou à la limite de l’effacement renaissent incessamment les personnages qui ont accompagné mon parcours.
A cette époque, la photo devait fixer pour “presque” l’éternité le mieux que nous étions. Il fallait observer la cérémonie du “bien habillé”, du sourire et surtout celle de l’immobilité en fixant l’objectif.
Dans le vieil album photo certaines vies silencieuses attendent impatiemment mon passage. Sous mon regard indulgent elles s’animent, reprennent de la couleur. Le récit se fait tantôt drôle tantôt dramatique. Je me moque gentiment…un peu, et parfois même beaucoup. Non mais, comment étions nous accoutrés à cette époque!
Sous mon œil observateur, un détail ignoré apparaît et recompose la scène avec un nouvel éclairage. La photo, c’est cet instant là, précis, celui qui défie le temps. Elle devient le rocher immuable à l’ombre duquel coule une source. Alors quand les visages aimés s’effacent de ma mémoire, quand le grain de leur voix faiblit, je me penche humblement sur l’onde claire.
Sur la photo, il y a les êtres qui sont, ceux qui ne sont plus et ceux qui se sont perdus dans les pages. Partis, sans un aurevoir, dans l’indifférence parce que…parce qu’il y a tant de raisons d’oublier les autres pour ne pas se détourner de son empressement. Tiens, mais comment s’appelait-t’il déjà, qu’est-il devenu ?
Dans ce grand recueil de vies passées et à grandir, tout le monde y est beau, les sourires me sont adressés comme un hommage, un éternel encouragement pour l’avenir.
Malgré l’absence de couleurs, l’image raconte la clarté ocre d’un jour d’été. Je ressens encore cette ambiance chaude et cette lumière si dure, si haute qui me faisait cligner des yeux et souligne mon visage d’une ombre comme si je portais un masque. Je me souviens bien de cette couleur vert tendre que tu portais. Par contre, je ne sais plus qui tu regardes en dehors du cadre. Ta petite “mère” aux bras si doux et au baisers si tendres ou un inconnu qui semble t’inquiéter.
Les photos d’autrefois méritent bien plus qu’une place au profond d’une armoire aux senteurs de naphtaline ou de santal. Les vieilles images sont des messages sans cesse renaissants auprès des générations futures. Elles sont un monde entier, un monde en soi, que personnellement je ne saurais oublier.
Merveilleuse idée, magnifique réalisation, émouvante narration… Bravo Serge ! Alain
Que de bons souvenirs!!
Superbes peintures accompagnées d’un très beau texte.
Bravo cousin.
…C’est toujours intéressant de revisiter les vieilles photos. Parfois on peut réécrire une histoire, se poser des questions.
En fait selon l’époque et son âge, on perçoit les choses différemment. Je suis content si ma modeste publication ait pu
t’apporter quelque chose.
Je te remercie pour ce texte subtil et sensible qui m’à donné envie de replonger dans les ( rares) albums de photos de famille qui dorment dans le grenier de la maison de mes parents.
Dominique
…Aujourd’hui, tout le monde fait des photos avec son téléphone portable…mais on ne voit pas grand chose.
C’est la mort de la transmission d’images finalement. Beaucoup d’images mais elles restent le plus souvent sur la carte mémoire.
…sauf si tu transmets le maximum de choses à tes enfants, petits enfants etc…il faut faire des albums, documenter etc…
Ah ah ah…le petit Serge, il est un peu partout, au milieu des sa famille.
Parfois je me demande si c’est bien moi. Mais, cet effet doit être commun à tout le monde.
J’ai eu la chance d’avoir une mère qui avait toujours son “Brownie” en main.
À partir du moment ou je suis passé derrière l’appareil, je n’ai plus eu de photos de moi.
Elles existent certes…mais dans la carte mémoire du téléphone de ma fille et de ma petite fille.
En fait je ne vois plus aucune photo.
En réalisant ces peintures, j’ai pensé à toi avec le portrait de ton père et celui de ta sœur. Tu étais plus sur des portraits et moi je suis plus sur des scènes. Je pense que tu dois avoir aussi des archives photos familiales. Si tu les examines bien on y découvre plein de choses. En les reprenant en peinture, on va plus loin que le simple moment de revisiter le passé. Je reviendrai sur FB et Insta à mon retour sur Paris fin septembre.
c’est toujours intéressant de regarder les photos des amateurs et les photos de famille. Ce sont de vrais documents qui nous parlent réellement de la vie des gens. Les photos qui ont été faites par des pros, ont presque toujours illustré les événements historiques, mais pas beaucoup le quotidien des gens simples. Notre histoire populaire, elle est s’écrit surtout dans ces photos du passé. Aujourd’hui, il y a les selfies qui documentent notre quotidien, mais le regard des auteurs est principalement tourné vers eux-mêmes.
…Je ne sais pas si ça peut avoir un intérêt en tant qu’exposition car c’est très personnel. Ça reste dans une sphère familiale. Les photos existent dans mes archives, le seul intérêt ici, pour moi c’est de les interprêter en peinture et en les faisant d’y porter un regard plus accru, d’analyser les scènes.
A la réflexion et en observant a nouveau tes toiles qui sont vraiment remarquables, si tu poursuis cette série ça ferait un formidable sujet d expo ou un livre “portraits de famille”.je ne crois pas que ça existe en peinture ?
Le temps s’ arrêtait , le présent plus intense, plus concentré .quand je regarde les portraits de mes parents, ils avaient une vie plus dur, mon pére montrait déjà une sacrée maturité à 20 ans , leurs vie était un combat et ils savouraient les moindre plaisir…. superbe Serge comme d’ hab’
Amitiés 🙂
Tout est si joliment écrit. Ce rapport aux images, aux si chers albums photos…c est la vie d avant qui se déroule à travers les photos…
Nouveau style pour tes peintures …le traité est parfaitement adapté pour le contexte….et cela me fait penser à certaines toiles de Hopper. Les deux enfants, le couple avec le bébé…c est très émouvant.
C’est bien cette série . Entre présence et absence . Quelque chose du temps qui a passé , une autre époque . Mais aussi des vies qui sont là quand même .
Tes peintures dégagent beaucoup d’émotion !!
Elles sont pleines de vie et de souvenirs.
Où est le petit Serge sur ces images (en slip kangourou dans la rivière ou en beau mec à côté de ses cousines ?) ?
Comme dit la citation si tu ne sais pas d’où tu viens tu ne sais pas où tu vas, le livre sert de passerelle, merci Serge de nous le rappeler !!
Les autres qui existent encore dans notre mémoire et qui disparaîtront après notre départ