Depuis plusieurs années j’ai abandonné la macrophoto en raison de la disparition de la plupart des insectes qui présentaient un aspect intéressant sur le plan du comportement et pour ma part sur un plan surtout esthétique. J’ai toujours eu l’habitude au printemps comme à l’automne de visiter un étang auprès duquel je pouvais trouver libellules, agrions et autres bestioles…Dans un petit espace formant une zone humide, un marais de quelques dizaines de mètres carrés, il m’arrivait de rencontrer d’autres photographes, spécialistes des Odonates, parfois à la recherche de la perle rare. L’endroit était riche de prises. J’ai vu cet endroit se transformer peu à peu et perdre son intérêt pour toute espèce vivante.
Des arbustes ont pris essor sur quelques mottes coiffées de grandes herbes. Les laîches se balancent au moindre souffle venu de l’étang voisin. L’endroit paraît mort…et pourtant, en me frayant un chemin parmi la végétation sauvagement implantée, plusieurs agrions s’envolent, quelques sauterelles me sautent dans les jambes. Est-ce le résultat d’un changement climatique plus favorable qui a fait éclore cette faune si discrète jusqu’à présent ?
Sur une salicaire, je découvre une libellule rouge (sympetrum rouge sang), puis deux puis trois perchées sur les branches sèches d’un pin abattu. Elles me donnent beaucoup de mal pour les approcher. De leurs gros yeux “robotisés” elles me détectent à plusieurs mètres. D’autant qu’en cette belle fin de journée, bien réchauffées, elles restent en chasse et très nerveuses. En examinant de plus près les tiges des phragmites, je découvre de nombreux agrions au thorax électrique…et même un argus bleu endormi (petit papillon beige aux ailes bleues intérieures) qui semble bien seul. Égaré sans doute, au risque de devenir la proie d’une libellule. Une grande sauterelle verte empêtrée dans les herbes me fait penser à un sauteur à la perche qui loupe son saut. Un peu plus loin, au bord d’un chemin je m’amuse avec une araignée crabe (thomise) qui passe d’un côté et de l’autre d’une fleur blanche, me menaçant de ces pattes tenailles. Quelques petits insectes ici et là complètent ma collection (mouche limnia unquicornis, araignée épeire diadème, charançon…). Finalement une récolte pas si mauvaise pour cette fin d’après-midi et cette 6ème extinction en voie de devenir.
Oui, dès que l’on s’approche de très près des choses, tout se complique. Ça devient un autre monde à gérer qui nous est moins habituel 😉
(P.S. Les nus originaux sont toujours visibles au Hahon).
Bah ! On peut toujours espérer, mais j’ai encore entendu tout à l’heure que la situation s’accélère et s’aggrave partout…
Merci Jean-Michel 😉
voilà qui est magnifique! j’adore ce traitement en N/B, et j’affectionne particulièrement ce type de plans..
pour avoir travaillé de nombreuses années à la bague allonge pour des shoots de bijoux, je reconnais là un très beau style.. exigent et sensible…
Donc ta conclusion en regard de cette 6ème extinction ?????que tout n’est peut-être pas perdu, ni pour les insectes ni pour tes macros si poétiques. Que tout n’est peut être pas à la désolation mais que les espèces se déplacent parfois….bref qu’il faut parfois “y croire” plutôt que de se désoler en permanence ?????
Un plus pour la série en N&B !
Belles macros (comme tu sais si bien les faire).
J’ai trouvé un “spot” sympa pas très loin de chez moi, le parc floral de Vincennes qui attire pas mal d’insectes ailés.