On le sait, la Bretagne n’est pas la région idéale pour trouver du beau temps. Pourtant, dans le Morbihan, au mois de mai/juin, j’y ai souvent vécu de belles journées douces et ensoleillées. Cette année 2015 aura donné raison à tous ceux qui pensent que cette région est d’une beauté exceptionnellle en regrettant qu’elle soit en même temps située sous un immense nuage d’eau. En septembre dans le Vaucluse, pendant quatre semaines, il m’arrive de peindre chaque jour. Je parviens alors à produire une trentaine d’aquarelles. Le nombre n’est certes pas facteur de qualité, mais participe à l’apprentissage.
Cette année, le Morbihan ne m’aura pas favorisé. Journées infiniment pluvieuses, ou averses fréquentes, imprévisibles, auront été mon lot durant un mois. Un comble pour l’aquarelle de ne pas pouvoir profiter de la moindre goutte de pluie. Impossible de sortir une feuille de papier sans qu’elle se gondole sitôt franchi le pas de la porte. Il m’aura fallu jongler avec cette météo capricieuse, jouer au plus rapide en limitant ma présence sur le terrain pour réaliser une douzaine d’aquarelles.
Ce mauvais temps m’aura permis de réaliser quelques interprétations à partir d’aquarelles faites en live. Simplification des détails, travail sur l’ensemble, couleurs fondées davantage sur un ressenti personnel que sur une chromie réaliste.
Au fond d’un étang, dans un recoin inaccessible, j’ai découvert une confusion d’arbres et de branches fusionnant dans une eau noire. Une sorte de forêt vierge inexplorée, complexe. Le refuge de quelques bêtes à la recherche de tranquilité à en croire les traces relevées aux abords de la mare. L’ambiance était “glauque” à souhait, suintant l’humidité de toute part. Bactéries et champignons faisaient leur œuvre. Tout ce qui faisait “bois” se revêtait d’une couche verdâtre de pourriture. Aussi mystérieuse et profonde que la surface d’une laque noire, la mare rejetait de temps à autre un “rôt” à l’aide de quelques bulles venues de ses entrailles. Le motif était complexe, mais c’est avec délectation que j’ai aimé m’y aventurer…picturalement bien entendu.
Les gens pensent souvent qu’un paysage connu pour sa beauté, ou un endroit touristique très visité, donc dignes d’intérêt sont des bons sujets pour un peintre. Personnellement, j’aime la banalité d’un lieu. Et plus cette banalité est forte, plus le challenge m’apparaît excitant. Mettre en évidence les aspérités d’un lieu banal, n’est pas sans déconvenue et le résultat ne fait pas forcément l’unanimité. Après la verdure, j’ai tenté d’exploiter le minéral. L’univers minéral et principalement celui des rochers demeure moins séduisant aux yeux de la majorité des gens. Les principales difficultés que j’ai pu rencontrer, sont celles de la lumière. Contrejours, lumières trop fortes écrasant les relief, tonalités uniformes. Grisailles tantôt froides, tantôt chaudes selon l’heure. Sur le plan de la construction et du dessin, il est facile de se perdre dans les nombreuses fractures de la roche. La multitude de cassures, de saignées finissent par tromper l’œil et il arrive un moment ou il faut suivre son instinct et ne pas trop tenter de coller à la réalité. Résultat un peu âpre à l’image du sujet.
Ayant épuisé mon papier Canson Montval, je me suis dirigé vers un papier Moulin du Coq, 325 gr, grain torchon, 100% cellulose. Pour ma part, je regrette ce choix. C’est un papier au grain très grossier qui absorbe très mal l’eau. La trame de la feuille très marquée dans le sens vertical laisse couler l’aquarelle avec trop de facilité. La couleur ne semble jamais pénétrer au cœur du papier. J’ai fortement peiné sur les sujets que j’ai entrepris sur ce papier qui ne correspond pas à ma façon de travailler.
En tout cas le résultat est là, quelques soient les difficultés rencontrées, ta perception de la lumière redonne à la Bretagne tout son éclat et en regardant tes aquarelles on n’ imagine même pas qu’ il puisse pleuvoir sur la Bretagne .
là ou je suis toujours étonné étant ignare dans la pratique du dessin ou de la peinture : c’est de voir a travers ces derniers une représentation , une sensation des volumes ,ce qui semble plat dans une photographie se révèle profondeur dans une peinture.
Pour exemple ta crique de fort blanc
Cela doit être du je pense aux pigments et aux affleurements du pinceau qui n’obéissent et se rient du rationel
De belles aquarelles et de biens belles interprétations
Lorsque mon regard se promène sur ces Aquarelles,j’ai l’impression de voir des photos tellement elles reflètent la réalité !!!
Merci encore Serge pour ces oeuvres et ces messages magnifiques….
Amitiés et Bises.
malgré tous les “freins” météo, le résultat est là. Ce qui prouve qu’humidité ambiante, papier inadapté et mauvaise humeur intérieure n’empêchent pas le talent …….
Cette année, dans le Morbihan, j’ai fait beaucoup moins de photo. D’une part en raison du mauvais temps, de l’autre une certaine lassitude du déclenchement…
…. peindre , photographier le quotidien banal est certainement ce qui nécessite le plus de sensibilités, j’ y pense souvent en me baladant et cherche comment je pourrait réussir à partager ce que je ressens . . . Les beaux paysages super choutés , j’ en ai un peu marre et finalement il y a assez peu de la créativité derrière tout ça ;(
Côté papier , ça a du être difficile… mais tu t’en ai bien sorti !