Après avoir passé deux ponts puis deux portes fortifiées, on pénètre enfin dans l’austère citadelle de Port-Louis. C’est marée basse, mais on comprend vite l’intérêt stratégique de cette défense en bout de presqu’île. Commandant l’entrée de la rade de Lorient, l’ouvrage se présente sous un plan rectangulaire bastionné aux angles. À marée haute, la citadelle est entièrement isolée par la mer qui vient écraser ses vagues contre les hautes murailles. Pendant les guerres de la ligue, catholiques et protestants s’affrontent partout en France. Le gouverneur de Bretagne, le Duc de Mercœur expulse les protestants, partisans du futur Henri IV retranchés dans la ville de Blavet (nommée Port-Louis désormais). En 1590, trois mille Espagnols conduits par Don Juan Del Aguila viennent soutenir le duc, mettent à sac la ville et massacrent les habitants. Don Juan Del Aguila relève les retranchements de la ville tout en posant la première pierre d’une forteresse qu’il baptise de son nom “fuerte del aguila” (le fort de l’aigle).
En 1598, le traité de Vervins met fin à l’occupation espagnole, les Etats de Bretagne demandent alors la démolition de la citadelle. Mais la destruction de celle-ci ne sera jamais complète. Deux bastions, une courtine, les piles du pont, les casernes, deux corps de garde et la chapelle restent érigés.
Après l’assassinat d’Henri IV, quelques insurgés, en juin et juillet 1610 commencent à rétablir le fort. Mais les années suivantes sont l’objet de bien des hésitations sur son édification. La citadelle est reconstruite entre 1618 et 1621, lorsque Louis XIII décide de donner à Port-Louis le statut de ville royale. L’aspect actuel de la citadelle date de cette époque et malgré les apparences, on doit peu de chose à Vauban si ce ne sont les édifices construits dans la basse-cour (arsenal et parc à boulet) à une date plus tardive.
En 1666, la Compagnie des Indes Orientales s’implante dans la rade de Port-Louis. La ville de Lorient se crée à cette époque, et la citadelle, comme poste avancé dans la défense de la rade est considérée comme une protection suffisante contre une attaque venue de la mer. Les quelques modifications qu’elle subit pendant cette période lui permettent de soutenir un siège : citernes, puits et jardins potagers sont aménagés au XVIII ème siècle.
Jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale (elle est contrôlée par les Allemands de 1940 à 1945) la citadelle sert à la défense de la rade, puis elle est affectée à la surveillance du trafic maritime. Les derniers militaires quittent les lieux en 2007. Aujourd’hui, la citadelle abrite le musée de la Compagnie des Indes, le musée de la Marine, le musée des Armes, la donation Franck Goddio dédiée aux “Trésors des Océans”, ainsi qu’un important espace dédié au sauvetage en mer.
Le long des murailles, sur les bastions du fort, les goélands ont élu domicile et nichent en toute quiétude, sans se préoccuper des visiteurs. Les voiliers en fin d’après-midi, tirent quelques bords pour rejoindre Lorient, là-bas au fond de la rade, sous la protection superflue des lourds canons de fonte qui se décomposent inexorablement au gré des intempéries.
Bonjour, désolé de ma réponse tardive…Merci de votre commentaire. Vous avez sans doute raison. À vrai dire, j’y ai fait une visite encore cette année et je n’ai pas fait attention à ce détail. La prochaine fois, je vérifie selon votre commentaire. Bonne journée.
Photos réussies. J’ai été surpris par la légende de la 1ère (premier pont..”) puisque l’on doit franchir avant celui-là un pont, bien plus court, pour passer la 1ère porte (billetterie) du bastion en demi-lune (appellation officielle assez éloignée de la réalité).
Les pierres ont souvent d’ incroyables histoires rarement simples , plusieurs couches d’ humanité entre l’ appropriation du site et ce que l’ on voit aujourd’hui et le hasard finalement n’ a pas beaucoup de place 😉
Un voyage intérieur partagé grâce à ces images . . .
Belle leçon d’histoire en texte et en images…..le noir et blanc lui va fort bien !
Souvenirs de croisières à voile et de ce passage le long du fort pour rejoindre l’abri du port de Lorient