Ma ville ressemble à beaucoup d’autres dans la banlieue qui encercle Paris. C’est une petite localité de 6300 habitants bordée sur un côté par une forêt autrefois royale devenue aujourd’hui un espace de promenade très populaire. La nature y est assez présente et facilement accessible. La ville possède son église, deux (petits) centres commerciaux, son café restaurant, des services administratifs, son stade, ses écoles, sa crèche, ses associations etc…etc… En vérité si je ne veux pas faire un inventaire des ressources et commodités ou tout simplement un cours d’histoire barbant qui n’intéressera personne, ou pire encore rentrer dans les détails genre “crottes de chien sur les trottoirs”, il n’y a vraiment pas grand chose à dire. Pire, je ne ferai aucune publicité pour ma ville afin de n’y attirer personne. Oui, je sais, c’est égoïste !
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Zoologie
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Mes connaissances en zoologie sont très modestes mais je m’honore malgré tout de posséder quelques compréhensions animalières
L’ours, le tigre et le petit cochon.
L’ours est un animal souvent mal luné, grognon car pendant son sommeil, le monde a tellement évolué qu’il ne le reconnaît plus à son réveil. Il apprécie d’être reconnu comme le plus grand et le plus méchant animal à fourrure de son territoire. Il aime particulièrement le bon miel, le bon saumon et n’hésite pas pour se les approprier à sortir de son territoire et voler impunément ceux de ses voisins. Présomptueux, fort de sa puissance, il méprise les autres animaux. Il n’a pas vraiment d’amis proches. Il côtoie les autres mamifères avec un visage impassible derrière lequel il cache son agressivité et ses insatisfactions. L’ours n’aime pas qu’on lui tienne tête et la moindre contestation de son pouvoir le met dans une rage folle. Imprévisible, de sa patte fourrée aux longues griffes, il peut tout autant caresser et soudainement arracher des chairs avec délectation.
Le tigre est un bel animal qui ressemble à un gros chat plein de rayures. De loin, sa silhouette est majestueuse. De près, comme tous les carnivores, il sent horriblement mauvais (mais ça, c’est strictement subjectif). Le tigre a une démarche lente et assurée. Toute l’attitude d’un animal confiant, qui sait attendre le bon moment pour fondre sur sa proie. La patience, le silence sont ses règles de chasse. Il attire à lui par sa sympathie débonnaire. Il parcourt son fief discrètement et chaque jour sans le crier au quatres coins de la jungle, en prolonge un peu plus les limites en urinant sur un tronc de palmier, au pied d’un rocher. Bref arrose d’un petit jet, tout nouveau territoire convoité. Sa souveraineté est parfois contestée, mais en bon chasseur à l’afffût qu’il est, sa persévérance finit toujours par être récompensée.
Le petit cochon, on le connaît tous depuis notre enfance. Il est tout rose, tout gentil. Il marche souvent sur deux pattes et porte une culotte avec de gros boutons. Il a nourri avec ses histoires, ses aventures, notre vie de bambin braillard. Ce que j’ai retenu de la vie du petit cochon, c’est sa propension à savoir se protéger des autres. Carnivores, rapaces et autres bêtes très déterminées comme le loup. Il érige autour de lui un véritable mur de défense. Personne ne rentre et personne ne sort de sa maison construite en dur, avec beaucoup d’acier. Souvent ridiculisé par ses amis de la ferme et de la forêt, il a développé une grande aigreur qui se traduit aujourd’hui par une animosité envers tous ceux qui ne partagent pas sa bauge.
De cela, sans aucun doute Jean De La Fontaine en aurait écrit une fable et tiré une morale universelle aux petits oignons. Je reste plus modeste et je me demande simplement à la fin…qui mangera qui ?
L’incertain
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La photo d’art, d’actualité, de voyage, d’édition de toute nature, la photo documentaire…est la plupart du temps identifiée par le nom d’un auteur. Dans ces images on peut reconnaitre la signature de Steve McCurry de Sebastio Salgado, de David LaChapelle, de Martin Parr, de Diane Arbus ; et de nombreux autres artistes sans doute moins connus mais dont le style ou l’implication pour une cause, un thème, nous touchent plus particulièrement.
Tous ces photographes sont surtout des professionnels, des artistes amoureux, de l’image. Ils l’ont chevillée au corps et leur capacité à rendre visible le monde à travers leur objectif de manière si personnelle, nous émerveille ou nous surprend à chaque fois.
Mais au delà de la ”grande photo”, j’ai toujours été sensible à la ”petite photo”du quotidien, à celle qui capte avant ou après, un évènement familial, une réunion amicale, et l’heureux déjeuner sur l’herbe par une belle journée de printemps. C’est là que le tonton rigolo apparait, que le ”petit” que l’on place au premier rang et à qui on demande de ne pas faire le guignol, grimace faute d’avoir le soleil dans les yeux.
On possède tous au fond d’un tiroir ou dans une malle au grenier les fameuses photos de ”la” famille. Sagement collées dans un album ou en vrac dans une boite à chaussure. Elles émergent de temps en temps comme un corps refait surface. Un brin de souvenir pourrait t’il apaiser momentanément une plaie existentielle ?
En tout cas, à la vue de toutes ces photos si disparates tant par leur format, leur qualité, leur origine ou leur datation…je me suis toujours demandé qui pouvait être derrière l’objectif. En fait, il y a très souvent une absence et c’est le photographe lui-même. Ce fantôme qui apparait parfois discrètement en ombre juste là, couché au pied des personnages. Qui est-ce ? Dans la plupart des cas on ne le sait pas. Bien sûr, il existe quelques pointilleux qui me diront que le retardateur existait et qu’il était possible de s’immortaliser. Faites moi voir ça sur un Brownie Kodak !
Sur chaque photo, il est amusant de rechercher l’auteur du cliché. Par le style de la mise en scène ou précisément par son absence. Reviennent en mémoire la personnalité des uns et des autres, leurs habitudes lors des séances de pose. Car la plupart des clichés familiaux sont des tableaux posés, composés souvent avec exactitude. C’est un rite ou le degré de parenté et l’âge déterminent aussi le rang de visibilité. La hiérarchie d’un certain ordre moral, de la reconnaissance des liens unissant des parents, une fratrie, de la place des amis au sein d’une famille.
Aujourd’hui, des millions de selfies sont réalisés chaque minute dans le monde entier. On n’aura jamais eu autant d’individus photographiés, identifiés par leur portrait depuis une décennie. Cela compense t’il mon questionnement sur ce ”photographe anonyme” que j’ai tenté de découvrir et qui ne fait que fuir . Entre silence et ombre, ”Inconnu”, sous quelle apparence pourrais tu te révéler ?
Still life
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La nature morte est un terme qui désigne une œuvre d’art montrant des objets inanimés du monde naturel ou artificiel, tels que des fruits, des fleurs, du gibier mort, des récipients comme des paniers, des bols etc. À cette appellation “nature morte”, j’utilise parfois le terme “still life” pour des éléments plutôt silencieux ou immobiles mais pas morts du tout.
La nature morte est un genre qui traverse l’histoire de l’art. On le trouve partout, depuis les tombes égyptiennes antiques, décorées de peintures d’objets de la vie quotidienne, jusqu’aux œuvres d’art moderne où il offre l’occasion d’expérimenter de nouvelles techniques, formes et styles. Le genre est devenu particulièrement populaire aux Pays-Bas au XVIIe siècle, lorsque l’urbanisation a conduit à mettre davantage l’accent sur la maison, les biens personnels et le commerce.
À maintes reprises tout au long des trente dernières années de sa vie, Paul Cézanne a peint ces mêmes objets : le vase vert, la bouteille de rhum, le pot de gingembre et les pommes. Il a utilisé ces objets comme base pour expérimenter leur forme, leur couleur, leur éclairage et leur emplacement.
Il existe de nombreuses raisons qui peuvent pousser un artiste à se tourner vers la nature morte. Comme Cézanne, il peut avoir envie de jouer avec la perspective, la disposition des objets, la couleur, de tester de nouvelles techniques ou tout simplement éprouver ce sentiment d’intimité que l’on peut ressentir seul, dans son atelier avec des objets familiers.
La nature morte peut aussi représenter une période d’activité intérieure pour un peintre. Voire remplacer l’embauche d’un modèle vivant ou compenser une saison peu favorable aux sorties à l’extérieur pour le paysage.
Bien que cela puisse paraître simple, l’art de la nature morte peut aussi représenter des thèmes complexes. Certains célèbrent la vie et ses plaisirs en exhibant la nourriture, le vin et les richesses matérielles tandis que d’autres peuvent alerter sur les dangers ou le caractère temporaire de ces plaisirs. Les peintures de vanités abordent toutes deux les thèmes de la mort et de la fragilité. Les “memento mori” comprennent généralement des crânes, des bougies éteintes et des sabliers, tandis que les “vanités” incluent d’autres symboles de vanité comme le vin et les instruments de musique.
Les peintures de fleurs représentent un fort inconvénient qui est celui de leur fraîcheur qui se dégrade au fil des séances. Alors que les fruits se prêtent très facilement à un travail en atelier beaucoup plus long.
Miniatures
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Aujourd’hui, dans les galeries et les expos on peut voir des œuvres de grands, de très grands formats. Le fait n’est pas nouveau. Les anciens ont produit d’immenses toiles que l’on peut toujours découvrir au Louvre ou à Orsay. La taille des peintures possède un pouvoir attractif par le fait que le sujet semble à échelle humaine. On entre ainsi dans des univers inconnus avec une grande facilité. C’est une sorte de visite virtuelle dans l’ambiance des Noces de Cana (Véronèse), de Caïn (Fernand Cormon), de la Fête de Vénus (Rubens), de la mort de Sardanapale (Delacroix), et tant d’autres dont les campagnes Napoléoniennes traitées par Meissonier ou par Gros. Les Nymphéas de Claude Monet au musée de l’Orangerie doit aussi être considérée comme une œuvre magistrale.
Aujourd’hui, la palme de la plus grande surface peinte revient à l’artiste iranien Emad Salehi avec une œuvre intitulée “Ball Story” qui couvre 9600 m2. Battant ainsi Sacha Jafri qui détenait le record avec une toile de 1596 m2, vendue 52 millions d’euros.
Un peintre m’a dit un jour qu’un grand format convenait parfaitement aux expos et que les petits formats s’accordaient plutôt bien pour une diffusion sur internet.
Compte tenu de mon espace limité pour peindre, les grands sujets ne sont pas pour moi. C’est comme ça que je me replonge dès à présent sur ma toile de moins de 20 cm pour cette série qui n’est (hélas) pas réalisée sur le vif.
Aux USA, il existe une réelle pratique des peintures de petits formats. Peintures réalisées en une fois et dans un temps très limité, à l’aspect synthétique, sur des supports souvent inférieurs au format 21×30. Ces pochades enlevées, expriment par un coup de patte enlevé, un style en soi qui constitue un courant à part entière. C’est dans ce pays (allégé d’une culture picturale classique) que l’on trouve le matériel le plus varié et et le mieux adapté à la peinture sur le motif.
À poil
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C’est généralement l’expression populaire pour désigner le fait de se mettre à nu. Toute interprétation étant possible, on trouve cependant ici et là, cette explication : au 17ème siècle l’expression s’employait dans le domaine de l’équitation. Monter un cheval “à poil” signifiait qu’on le montait “à même le poil”, c’est à dire sans selle ni couverture. La locution “à cru” employée au 17ème siècle avait la même signification. Cette expression avait d’ailleurs le sens de “à même la peau” en parlant par exemple des vêtements. À poil avait également le sens de “courageux”, ce qui a donné aux soldats de la Première Guerre Mondiale le nom de “poilus”. L’origine exacte de cette locution reste obscure, mais la référence au domaine de l’équitation semble la plus probable.
En ancien français, le sens de poil n’avait pas la précision qu’il a en français moderne : il pouvait, non seulement renvoyer au poil mais aussi au cheveu. Il en va de même pour crin, qui pouvait désigner dès l’origine le poil d’un animal mais aussi la chevelure jusqu’au 17e siècle.
Du “à poil” au “poil”, il n’y a qu’un cheveu que je me suis permis de franchir cavalièrement.
Terrains de jeux
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En attendant…
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En attendant les beaux jours. Ce n’est pas le titre d’un joli film prometteur, mais plutôt l’expression de mon impatience. Celle de retrouver la douceur du printemps et par là-même, de replanter mon chevalet devant la nature retrouvée. Pour combler cette impatience, et sublimer les journées mornes et grises aussi amères qu’un café sans sucre, je m’autorise ce que j’appelle des “petits bonbons”. C’est ce plaisir de peindre sans contrainte, avec le seul et unique dessein d’étaler de la couleur ou peut-être de la gâcher avec une boulimie débridée. Tout me va dans ces cas là. Et la moindre image qui arrête mon regard, que ce soit par ses couleurs, son dynamisme ou son sujet, j’en fais ma source prioritaire. Pas de stratégie dans tout cela, pas d’idée préconçue. Juste faire courir le pinceau sur un papier blanc, histoire de délier l’œil et la main. Le plaisir pur . Aujourd’hui, c’est le film “Caravage de Michele Placido” qui sert d’ingrédient à ma peinture. Hormis les images aux couleurs chaudes et contrastées dans un clair-obscur qui se veut inspiré du style du peintre, le film montre un Caravage quelque peu hystérique, plus prompt à sortir l’épée qu’à manier le pinceau. J’oublie le film mais pas le peintre. Le personnage historique m’a toujours intrigué. J’ai toujours eu du mal à comprendre comment cet homme pouvait être en même temps ce peintre exceptionnel dont on admire les œuvres et ce criminel impénitent qui n’a eu de cesse d’échapper à la justice de son temps. En peinture, il faut pourtant reconnaître que ses sujets sont dotés d’une réalité et d’une force parfois brutale qui semble très souvent s’inspirer de sa vie très sulfureuse.
L’ombre bleue de la baie.
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C’est parfois en suivant la ligne vagabonde d’un renard parmi les herbes humides, ou la trace d’un chevreuil laissée sur un chemin mou qui m’amènent là où je plante mon chevalet.
La baie Saint-Jean à Crac’h est une immense étendue de sable, de vase, d’herbes marines, au milieu de laquelle déambule silencieusement la marée. C’est au plus profond, au plus secret d’un de ses méandres que j’ai trouvé un petit havre de tranquillité. Exil. Le sentiment d’être au bout d’un monde. Silence, à peine émaillé au loin de quelques cris de goélands chamailleurs. À l’extrémité de cette anse oubliée s’écoule un petit ruisseau entre des blocs de granit noircis par le temps. Sous le mouvement flegmatique des pins et à l’ombre bleue des chênes quelques monstres granitiques s’envasent inéluctablement. Submergés, subissant la transgression marine, des monolithes héroïques tentent de survivre à la gangue oppressante.
Au fil de la journée, entre la lumière chargée d’or du matin et l’ombre violette de son déclin, la baie délivre à tout être vivant son apaisante plénitude et souveraine beauté.
Canicule fake-news
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La canicule n’aura pas lieu. Enfin pour l’instant, elle ne s’est pas manifestée en Bretagne et c’est tant mieux. Il a fait chaud, normalement. Même si certaines journées ont été étouffantes. Quelques heures de pluie bienvenue ont ponctué l’été et ont permis à la nature de conserver toute sa fraîcheur. Ah, le bonheur de tous ces verts nuancés subtilement qui envahissent le regard. Ils offrent encore la possibilité d’une vie agréable sur terre alors que les régions inondées de soleil sont déjà les prémisses de futurs déserts hostiles à l’humanité. Sans oublier les domaines naturels qui perdent toute vie en quelques heures dans un embrasement de plus en plus difficile à maîtriser.
Cette année, encore plus que d’habitude, je ne me serai beaucoup tourné vers la mer. Fréquentées par des hordes bruyantes fuyant la chaleur du sud, les plages Bretonnes font le plein. Et c’est de loin, sur les dunes que j’observerai la plupart du temps la mer. Loin, bien loin du tumulte des vagues et de l’agitation estivale. Le matin très tôt et le soir, seront mes moments favoris pour me glisser dans une nature retrouvée.