Hommes

Mis en avant

Etre modèle et poser pour les peintres, est devenu un vrai métier. Un métier où la concurrence est grande. S’il fallait auparavant avoir un peu de culot et se présenter à la porte de n’importe quelle académie pour décrocher des séances de pose, c’est beaucoup moins vrai aujourd’hui. Il ne suffit plus d’avoir une esthétique harmonieuse ou un corps digne d’intérêt. Il faut aussi savoir poser. Dans les ateliers de dessin, on demande au modèle de se mouvoir dans l’espace, de savoir se placer dans la lumière, de se camper par rapport au public. De la pose statique aux poses en mouvement, le modèle se doit de proposer une collection complète d’attitudes qu’il adaptera en fonction de la durée des poses (entre 2 et 45 mn). De nombreux modèles calquent leur répertoire de poses à partir des peintures de maîtres. Il n’est pas rare d’avoir une attitude de Saint Sébastien peint par Andréa Mantegna, ou de celle de l’Odalisque immortalisée par François Boucher. On n’imagine pas réellement la difficulté physique de ne plus bouger avec les bras levés, les jambes repliées dans une position inconfortable. Le corps supporte alors de grandes tensions musculaires. Et malgré tout, cela ne suffit pas pour que s’ouvrent en grand les portes des ateliers. Il doit se créer quelque chose entre l’artiste et son modèle. Une relation particulière qui créera une alchimie dynamique. Un très beau modèle mais indifférent à son espace, ignorant du public à ses pieds sera la plupart du temps écarté au profit d’un modèle plus participatif. Un modèle aux poses paresseuses ou atones a souvent une mauvaise influence sur le résultat d’un dessin. Et puis chacun possède ses propres critères en matière de physique avec lesquels il se sent motivé. La femme a été depuis toujours la source privilégiée des peintres mais aujourd’hui je mets en avant des dessins d’hommes.

(Croquis à l’aquarelle temps de pose n’excédant pas 10 minutes)

Movimento

Encre noire et pinceau sur papier aquarelle

Lundi de modèle vivant un peu spécial dernièrement puisque toute la séance a été consacrée au mouvement. Le principe en est très simple puisqu’il s’agit de demander au modèle de se mouvoir en permanence. Les gestes de la vie quotidienne, du sport, du spectacle… vont inspirer Chantal dans sa gestuelle.

Sur des poses successives d’une durée de 1 à 5 minutes, l’après midi sera intensif de concentration. Cet exercice de rapidité dont la difficulté est de capter les éléments essentiels dans une figure en action, m’était déjà familier. C’est la base même du croquis réalisé sur le vif, tout comme je l’ai pratiqué sur les concerts de jazz, le flamenco ou tout simplement dans la rue. Les participants ont très certainement apprécié cette session particulière, en tout cas ils ne semblaient pas déçus.

Encre noire et pinceau sur papier aquarelle

Pour ma part, je trouve l’exercice plutôt ludique et amusant, à défaut d’avoir été très fructueux. Je pense que certains mouvements en grande harmonie avec la musique auraient pu profiter d’une halte afin d’en saisir toute la grâce. Je regrette aussi les belles lumières, les magnifiques modelés qui se sont développés sur le corps du modèle et qui n’ont été que fugaces. Ces croquis rapides et vivants ne nécessitent pas spécifiquement un modèle.

Encre noire et pinceau sur papier aquarelle

Cet entraînement à la prise de notes peut parfaitement se réaliser dans la vie quotidienne, au spectacle, sur un quai de gare ou dans un parc public. Sur la base des croquis réalisés sur le vif, j’ai tenté d’en reprendre à postériori quelques uns à la craie de couleur. Je ne pense pas avoir réussi ce pari. Un croquis possède sa force et son dynamisme propre. C’est l’ADN de la spontanéité. Essayer d’en reprendre les ingrédients, c’est tenter d’en percer le secret et ça, c’est une autre histoire.