Roses d’hier

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J’ai gardé, épinglées sur un mur des roses fanées dont les couleurs ayant perdu une partie de leur saturation, se sont imposées dernièrement comme sujets de peintures. 

Deux formats carrés (30×30 cm), rarement utilisés en peinture car (paraît’il) délicats à composer correctement. Personnellement je ne vois pas où serait la difficulté. Pendant des années, de très grands photographes ont capté le monde à travers le format carré de leur Rolleiflex 6×6 sans que ça pose de problème.

Ensuite, c’est une série rapide sur un petit format panoramique (28×14 cm). Chaque sujet étant traité “alla prima” en moins de deux heures pour conserver l’aspect spontané de la touche.

Sylvette

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Faire le portrait de ses proches c’est avant tout l’avantage de bénéficier de modèles à disposition et relativement bienveillants. Bien entendu, l’abus pourra être réprimé d’une grimace, d’un geste de lassitude ou d’un mécontentement passager. Dans ce cas, il est préférable pour apaiser la situation, de fuir  silencieusement et revenir ingénument à la charge quelques temps plus tard. En cas de refus, d’exaspération, il faut charmer son modèle et lui dire combien les autres ont admiré son image, sa quiétude, son rôle inspirant dans “l’art de la peinture”. Il ne faut pas trop en dire cependant afin que les compliments ne se transforment en louanges trop peu crédibles. Car à ce moment là vous aurez fort à faire pour réenchanter votre modèle.

Eugénie

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Il est rare que je réponde à des commandes de portraits sauf pour des amis ou des connaissances proches. Il est difficile pour un sujet non habitué de poser de longs moments immobile d’autant plus si le portrait nécessite plusieurs séances. Beaucoup de peintures se réalisent aujourd’hui d’après photo. Et là encore, je préfère prendre les photos de la personne, pour des raisons techniques d’une part et aussi pour mieux la connaître d’autre part.

Pourtant, cette peinture ne correspond à aucun des critères précédemment cités. Le portrait d’Eugènie est celui d’une jolie petite fille décédée hélas à l’âge de 32 ans. Les parents possédaient une photo de leur petite fille déguisée en clown avec ce visage très expressif. C’est ce regard vif, espiègle et pourtant profond qu’ils souhaitaient retrouver et mettre en valeur à travers la peinture. La démarche était émouvante et ma mission conséquente.

La photo était bouchée dans le détail des zones foncées et en surexposition dans les zones claires en raison du maquillage blanc. J’ai longtemps travaillé la matière pour retrouver sous le masque couleur, les traits, les volumes du visage, et surtout…bien mettre en valeur le regard vif de l’enfant.

Je me suis attaché à la réalisation de ce portrait et au final, la maman et le papa d’Eugénie ont été très satisfaits du résultat et pour moi c’était le principal.

Coloquintes

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Entre box et disques durs, ma petite installation “still life”.

La nature morte n’a jamais fait partie de mes thèmes privilégiés. D’ailleurs, je n’aime pas beaucoup cette appellation “nature morte”.
À celle-ci je préfère l’expression “still life” en anglais, qui me paraît plus dynamique et polyvalente. Pour la still life, il n’est pas nécessaire de posséder un grand espace. Une surface minimum sur une étagère pour disposer délicatement quelques éléments est suffisant. Le seul inconvénient est de devoir laisser en place son sujet tout le temps (parfois plusieurs jours) pendant lequel la peinture n’est pas terminée. Plus délicat pour les fleurs, pour les fruits etc…c’est la durée de vie du sujet, de sa fraîcheur qui impose le timing.

Ainsi, il faut prévoir la gestion de son tableau en fonction de la vie des éléments. Les coloquintes ont une durée de vie plus qu’intéressante car fraîches elles restent longtemps très colorées et sèches elles sont très belles par leurs variantes de gris et de beiges.
Avant de commencer la peinture il m’arrive d’en faire un dessin au fusain ou à la craie pour en étudier la composition, les lumière et les ombres. C’est là que je vois si tel élément n’entre pas en confusion avec tel autre élément en avant ou arrière plan.

Lorsque je commande des fournitures de dessin, elles me sont livrées dans des grandes boites en carton bourrées de papier de calage. C’est sur ce papier gris recyclé et froissé (que je repasse à la vapeur) que sont réalisées les dessins et peintures de coloquintes. Le papier est sans nul doute un support bien plus solide qu’on ne le pense.

Les coloquintes que j’utilise sont des courges de décoration, bien entendu “non comestibles”. Et pourtant la confusion entre cucurbitacées consommables ou pas, est fréquente. Les centres antipoison sont régulièrement appelés pour des intoxications de “courges” non comestibles. Courges ornementales pour Halloween ou coloquintes, toutes sont classées comme vénéneuses. Le problème est qu’elles sont vendues dans le commerce, parfois au rayon fruits et légumes pour un usage strictement décoratif. Les courges toxiques ont un goût amer au lieu du goût neutre ou légèrement sucré des formes comestibles. C’est un signal de prudence.

(J’ai changé la configuration du blog. J’espère que cette nouvelle présentation vous séduira.)

À la fenêtre

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J’ai récemment publié sur Facebook cette peinture d’un couple en discussion, sur une fenêtre ouverte. Suite à cette publication, j’ai eu l’agréable surprise de lire le commentaire d’un ami peintre de grande expérience et de grand talent qui me faisait quelques recommandations concernant cette toile.

Il m’arrive souvent lorsque je peins de me rendre compte qu’ici où là, quelque chose ne fonctionne pas, que tel endroit est mal réalissé. Malgré ces observations, par manque de rigueur, de fatigue ou d’incompétence à résoudre certains problèmes, je laisse passer différents artefacts. C’est pour ça qu’il est difficle de dire à quel momeent une peinture est réellement finie. À chaque stade de son propre développement, il existe un stade supérieur, un autre palier à franchir. Et ainsi de suite…Plus de rigueur, plus de sensibilité dans la couleur, dans la manière de faire, dans la compréhension du sujet. Bref, tout ça se résume souvent à une extrême maîtrise tout en sachant lâcher prise lorsqu’il le faut.

Sur cette peinture de personnages en situation (ce qui a été assez rare dans mes sujets picturaux), je ferai ma propre critique pour la mettre en parallèle avec celle de mon ami.

Si l’ambiance et les couleurs sont agréables, j’ai oublié ou plutôt “bâclé” certaines parties de la toile. Je le sais, sans vraiment avoir agi dessus. En fond, face aux personnages, c’est un mur de briques dont j’aurais pu tirer un meilleur avantage. Il ne vit pas suffisamment, ne possède pas assez de présence. La silhouette de l’homme m’a donné beaucoup de mal afin de lui donner une attitude juste. Pour finir je trouve le traité de la robe de la femme trop dur. Voilà, je m’en arrêtais là tout simplement (assez satisfait), mais cependant incapable d’aller plus loin dans mon analyse.

Voici maintenant les commentaires de mon ami qui confirme une partie de mon ressenti, mais en poussant plus loin ses appréciations, il me donne de nouvelles pistes de travail pour développer mon observation et enrichir ma peinture. Autant d’éléments qui prennent vie et justification dès lors qu’ils sont formulés par des mots.

“Je viens de regarder à nouveau ton tableau. Et je confirme mon sentiment sur les contours inutiles. On sent comme un reste de tracé, une zone non travaillée et qui forme un contour, entre le fond et la forme. C’est plus visible à certains endroits qu’à d’autres. C’est un détail, mais ça a toute son importance si tu veux pousser le travail.
Le fond est aussi important que la forme et devrait venir la délimiter sans s’arrêter juste avant. C’est le fond qui devrait venir grignoter dans la forme pour la définir. Sans cette zone d’arrêt. Concernant le fond toujours, je le trouve très beau niveau couleur, mais il me semble qu’il pourrait être plus nourri. C’est à dire une ou plusieurs couches supplémentaire, pour “dire” à peu près la même chose (donc pour rester dans la même gamme de couleurs, mêmes nuances etc…) mais simplement en enrichissant l’aspect de la peinture elle-même.
Autre remarque qui me vient : il n’est pas toujours nécessaire de tout indiquer partout. Par exemple, le montant de la porte fenêtre à gauche de la femme. Il est bien visible, la tranche est bien visible, de haut en bas. Ne pourrais tu pas essayer de la faire oublier par endroits? Dans le bas par exemple, est-ce que ça ne rendrait pas la peinture plus fluide, permettant au spectateur de reconstruire lui même une partie de l’image. Idem pour la partie droite de la robe, elle est belle ceci dit, mais j’essayerais pour voir ce que ça donne, d’estomper par endroits sa délimitation avec le fond.
“Ouvrir les formes” comme je dis parfois. Laisser entre l’air et une certaine vibration.
Encore deux choses : la silhouette du gars qui est un peu maladroite par rapport à celle de la femme, plus juste. Elle est pas mal, pas mal du tout même mais ça lui donne des allures de boxeur blessé. Ça apporte un certain charme narratif ceci dit….A voir ! Mais niveau épaules etc, c’est peut-être un peu trop large.
Puis pour finir, l’ombre sur la porte à droite dont je te parlais qui pourrait aussi être encore bien observée avant d’y retravailler un peu.
Ça me rappelle lorsque j’ai peint ma baignoire, je l’ai tellement observée…. j’essayais de comprendre comment la lumière se dépose ici ou là, comment elle se comporte dans les coins arrondis de la baignoire etc…Tout devenait sujet d’observation.
Comme ici pour ta porte : comment l’ombre se comporte-t-elle au passage d’un montant de bois ? Elle zigzague d’une surface à l’autre. Tout ça peut être bien observé et déposé sur la toile.”
M.W.

 

 

Stock ou encore !

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Hier, j’ai consulté mes disques durs pour connaître l’espace enregistrable encore disponible. En observant le viewer qui affiche et comptabilise les images de peintures enregistrées, j’ai noté des chiffres qui m’ont un peu stupéfait. 
De janvier 2018 à novembre 2020 j’ai compté 629 dessins et peintures.
De janvier 2018 à mai 2020 j’ai compté 530 croquis de nus. En deux ans et demi, je totalise plus de 1000 réalisations. En élargissant encore la période de mars 2011 à novembre 2020, je totalise une somme de plus de 1400 peinteures. Ouf !

Dans ce constat très comptable, je ne calcule pas les nombreuses peintures, dessins et croquis jamais numérisés faute de temps, ou d’intérêt personnel. Je n’avais jamais envisagé mon investissement sous l’aspect du volume ou du nombre, tant la quantité, n’est pas signe de qualité. Et mieux vaut moins mais mieux. 

Au lieu de me réjouir, c’est plutôt l’inquiétude qui domine compte tenu de la place importante dont j’ai besoin pour stocker physiquement toute cette production. Face à ce problème, j’ai depuis longtemps abandonné la toile sur chassis qui demande espace et soins de stockage, pour adopter le papier qui constitue aujourd’hui 99,9% de mon support privilégié. Malgré tout, mes cartons sont boursouflés d’archives, ma chambre est envahie de supports en tous genres, mes étagères s’encombrent de carnets et ma cave sature de peintures.

Serais-je comme “Chloé dans l’Écume des jours de Boris Vian” étouffé inexorablement dans ma maison par ma propre production ?

Aujourd’hui, j’ai trois solutions. La première consisterait à déménager pour une grande demeure d’une centaine de pièces en province. La deuxième serait de détruire par le feu  une bonne partie de ma production (une flambée style “Burning Man” serait d’un bel effet). Et la dernière serait de cesser de peindre ou de me couper les bras.

Pour le moment, je n’ai pas encore décidé d’une alternative.

Challenge portraits

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Mon idée de départ était de peindre un portrait le plus rapidement possible, sans trop me préoccuper de la finalité et surtout sans m’encombrer avec les couleurs. Une envie comme ça de temps en temps histoire de me simplifier la vie et de rêver d’un pinceau qui n’aurait plus besoin de chercher la couleur, qui n’aurait plus besoin de plonger sa touffe dans l’essence pour se nettoyer, puis encore de s’essuyer longuement. Au diable médium, respect des règles picturales du gras sur maigre. Direct à la térébenthine, “alla prima”, dans le frais, d’un seul trait pour garder l’influx, la dynamique.

Un pinceau, une couleur. Premier portrait, une monochromie en terre d’ombre naturelle, pas de blanc. Tout se joue dans la dilution, la transparence pour les zones les plus claires et l’épaisseur de la couleur pour les zones foncées. Je ne pouvais pas m’en arrêter là et je vais enchaîner dans la matinée sur trois variantes en modifiant soit la palette couleur soit l’outil.

Variante deux. Mêmes couleur de base terre d’ombre naturelle, complémentée d’outremer, d’orange cadmium de noir et de blanc. Je laisse une priorité aux tons froids et j’ajoute à peine une pointe d’orange. Comme toujours, je place tout de suite les zones sombres pour créer les contrastes afin de construire le portrait.

Variante trois. La palette s’enrichit encore et se constitue des couleurs précédentes en y ajoutant, cadmium rouge, ocre jaune, rose brillant, pourpre dioxazine, noir et blanc.

Variante quatre. Changement total de technique pour le fusain et craie blanche sur papier teinté.

Quatre portraits dans une matinée est un bon exercice pour tester sa capacité à saisir rapidement ce qui est important dans un sujet et traduire simplement les points forts en laissant de côté les détails inutiles.

Ces portraits sont tous réalisés à des stades différents. Ce ne sont pas des “tableaux”, juste des peintures, des ébauches. Il est possible de pousser plus loin, de finaliser le rendu. Mais à quoi bon. Je n’en finirais jamais. Ce qui est fait est fait ainsi et ç’est suffisant.

J’avais envisagé une quatrième variante en monotype. Mais la mise en route de cette technique qui réclame toute une préparation en amont, mouillage du papier, essorage, préparation de l’encre typographique etc…ne pouvait pas se réaliser dans le même temps. Peut-être une autre fois.

Reliquat Morbihan

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Je solde sous forme d’une grande galerie un reliquat de peintures réalisées dans le Morbihan. Je vous épargne la masse de dessins réalisés conjointement aux peintures. Tout cela n’étant plus d’actualité pour moi, je dois dire que mon intérêt artistique est aujourd’hui dirigé vers d’autres sujets. Ayant été testé positif au Covid 19, les sujets de grand air ont perdu beaucoup de leur saveur. La figure humaine plus facilement exploitable dans mon environnement de “surconfiné”est devenue incontournable dans mes objectifs.

J’avais commencé dans un camping désaffecté à travailler une série sur la dégradation des biens. Je n’ai pas eu le temps d’approfondir la démarche. Je dirai que j’en suis resté uniquement à la marge, sans vraiment en avoir saisi l’essentiel. À poursuivre si tant est que la prochaine fois il existe quelques éléments encore visibles.

Figures de rentrée

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L’été passe, l’automne s’annonce et l’hiver peu à peu va exhaler son haleine froide. Pour combler le tout et  nous faire comprendre combien nous n’avons rien à faire le nez au vent, voilà qu’un nouveau confinement nous tombe dessus. Imprévisible diront certains, largement envisagé pour ceux qui suivaient un peu l’actualité depuis le premier déconfinement. Je remets les pendules à l’heure tout en reconnaissant que reconfinement ou pas, il a toujours été pour moi d’actualité à cette époque de me recentrer sur une activité en milieu clos, donc en peinture, une priorité aux portraits et autres sujets intimes. J’ai voulu mettre sous forme d’une animation simple les 3 derniers portraits. De la première pochade ou malgré la grossièreté des touches, tout doit être en place sinon c’est le risque de devoir trainer jusqu’à la fin une série d’erreurs très difficiles à corriger. Toutes les étapes ne sont pas incluses, d’autant que plus on avance vers la peinture finale, plus les modifications deviennent minimes, voire presque imperceptibles. Je me suis particulièrement attaché à exprimer non pas tant la ressemblance, que la vérité du personnage, son étincelle d’humanité. En faire un portrait vivant, possible et non pas seulement une image aussi bien exécutée que possible.

Autoportrait, huile 30×40 cm
Sylvette dans ses rêves, huile 3àx40 cm
La robe jaune, huile 30×40 cm
Huile 30×40 cm

Métairie de Kercadio

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Voile morne et gris, impalpable, tu me transis jusqu’aux os. Tu inondes le moindre espace de mes pensées. Tu convoites de ton humide haleine tout ce que tu imprègnes. 
Dans ta nébulosité glaciale se dessine la maison de quelque gaillard qui a déposé là, car trop pressé de fondre sur quelque ripaille alcoolisée, son plus beau costume. De la porte d’entrée, depuis longtemps il en a oublié la clé et aussi l’usage tant et si bien que chacun peut désormais envahir son logis à tout moment. 
Quand l’hôte se retire brutalement du foyer, et laisse à l’irrespectueux passeur sa demeure béante, offerte au bord de la route comme une prostituée attisant le regard, c’est l’occasion d’assouvir sa fringale dévastatrice.
Comme une panse éventrée, une alcôve vomit un flot de bouteilles sur un parquet gris de terre et de merde. Quand je vous disais que le gaillard ici, devait être un sacré cuitard. Malgré cet étalage inattendu et généreux, aucune d’entre elle ne semble avoir trouvé preneur. Quel poison sirupeux et mystérieux, emplit donc ces chopines encore encapsulées ?

Dans les pièces misérables de leur nudité, badigeonnées à la chaux, torchées de poussière grise et de moisissures, des étoffes autrefois maîtresses pendent ou se lovent dans un coin à la manière d’un serpent assoupi. 
Dans l’attente de l’effondrement du plancher supérieur, s’infiltrant par des fenestrons aux allures de meurtrières, les ombres et les lumières s’amusent en sous-sol. Des croûtes s’amoncellent formant une carapace, imitant la peau d’un monstre préhistorique. Tant d’animaux d’un bestiaire fantastique peuvent se cacher dans des alcôves sombres !

C’est le refuge du maudit, de la part occulte qui demeure dans les bas fonds avec son cortège de férocité et d’horreur. Des liens avoisinent une chaise branlante. Une chemise piétinée, maculée, gît abandonnée. Empreinte blafarde d’une âme peut-être à la recherche de son être. Quel drame serait donc survenu dans cette antre ? Les murs en ont t’ils gravé la mémoire ?
Dans ce pays de contes et de légendes, je ressens soudain le poids d’une réalité qui se dérobe. Mon esprit tout entier plein de certitudes, s’en trouve brutalement étourdi et profondément confus. Sans attendre d’autres altérations, je me projette au-delà du perron dans l’humeur invariablement poisseuse du dehors.