J’ai récemment publié sur Facebook cette peinture d’un couple en discussion, sur une fenêtre ouverte. Suite à cette publication, j’ai eu l’agréable surprise de lire le commentaire d’un ami peintre de grande expérience et de grand talent qui me faisait quelques recommandations concernant cette toile.
Il m’arrive souvent lorsque je peins de me rendre compte qu’ici où là, quelque chose ne fonctionne pas, que tel endroit est mal réalissé. Malgré ces observations, par manque de rigueur, de fatigue ou d’incompétence à résoudre certains problèmes, je laisse passer différents artefacts. C’est pour ça qu’il est difficle de dire à quel momeent une peinture est réellement finie. À chaque stade de son propre développement, il existe un stade supérieur, un autre palier à franchir. Et ainsi de suite…Plus de rigueur, plus de sensibilité dans la couleur, dans la manière de faire, dans la compréhension du sujet. Bref, tout ça se résume souvent à une extrême maîtrise tout en sachant lâcher prise lorsqu’il le faut.
Sur cette peinture de personnages en situation (ce qui a été assez rare dans mes sujets picturaux), je ferai ma propre critique pour la mettre en parallèle avec celle de mon ami.
Si l’ambiance et les couleurs sont agréables, j’ai oublié ou plutôt “bâclé” certaines parties de la toile. Je le sais, sans vraiment avoir agi dessus. En fond, face aux personnages, c’est un mur de briques dont j’aurais pu tirer un meilleur avantage. Il ne vit pas suffisamment, ne possède pas assez de présence. La silhouette de l’homme m’a donné beaucoup de mal afin de lui donner une attitude juste. Pour finir je trouve le traité de la robe de la femme trop dur. Voilà, je m’en arrêtais là tout simplement (assez satisfait), mais cependant incapable d’aller plus loin dans mon analyse.
Voici maintenant les commentaires de mon ami qui confirme une partie de mon ressenti, mais en poussant plus loin ses appréciations, il me donne de nouvelles pistes de travail pour développer mon observation et enrichir ma peinture. Autant d’éléments qui prennent vie et justification dès lors qu’ils sont formulés par des mots.
“Je viens de regarder à nouveau ton tableau. Et je confirme mon sentiment sur les contours inutiles. On sent comme un reste de tracé, une zone non travaillée et qui forme un contour, entre le fond et la forme. C’est plus visible à certains endroits qu’à d’autres. C’est un détail, mais ça a toute son importance si tu veux pousser le travail.
Le fond est aussi important que la forme et devrait venir la délimiter sans s’arrêter juste avant. C’est le fond qui devrait venir grignoter dans la forme pour la définir. Sans cette zone d’arrêt. Concernant le fond toujours, je le trouve très beau niveau couleur, mais il me semble qu’il pourrait être plus nourri. C’est à dire une ou plusieurs couches supplémentaire, pour “dire” à peu près la même chose (donc pour rester dans la même gamme de couleurs, mêmes nuances etc…) mais simplement en enrichissant l’aspect de la peinture elle-même.
Autre remarque qui me vient : il n’est pas toujours nécessaire de tout indiquer partout. Par exemple, le montant de la porte fenêtre à gauche de la femme. Il est bien visible, la tranche est bien visible, de haut en bas. Ne pourrais tu pas essayer de la faire oublier par endroits? Dans le bas par exemple, est-ce que ça ne rendrait pas la peinture plus fluide, permettant au spectateur de reconstruire lui même une partie de l’image. Idem pour la partie droite de la robe, elle est belle ceci dit, mais j’essayerais pour voir ce que ça donne, d’estomper par endroits sa délimitation avec le fond.
“Ouvrir les formes” comme je dis parfois. Laisser entre l’air et une certaine vibration.
Encore deux choses : la silhouette du gars qui est un peu maladroite par rapport à celle de la femme, plus juste. Elle est pas mal, pas mal du tout même mais ça lui donne des allures de boxeur blessé. Ça apporte un certain charme narratif ceci dit….A voir ! Mais niveau épaules etc, c’est peut-être un peu trop large.
Puis pour finir, l’ombre sur la porte à droite dont je te parlais qui pourrait aussi être encore bien observée avant d’y retravailler un peu.
Ça me rappelle lorsque j’ai peint ma baignoire, je l’ai tellement observée…. j’essayais de comprendre comment la lumière se dépose ici ou là, comment elle se comporte dans les coins arrondis de la baignoire etc…Tout devenait sujet d’observation.
Comme ici pour ta porte : comment l’ombre se comporte-t-elle au passage d’un montant de bois ? Elle zigzague d’une surface à l’autre. Tout ça peut être bien observé et déposé sur la toile.”
M.W.