Têtes d’affiches

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Il m’arrive de temps en temps de faire des tentatives techniques. Je me dis “tiens et si je faisais ça comme ça !”. J’ai compris qu’en changeant sa manière de faire, en faisant des essais de toute sortes, on découvre tout un tas de nouvelles possibilités. On finit par ne plus avoir d’appréhension face à la technique, les outils se banalisant on donne plus de place à l’expression. Bien connaître les possibilités des outils en sa possession me paraît indispensable et développer leur utilisation est nécessaire. Alors autant se lancer dans l’aventure. Pour cette série de portraits, j’ai mélangé pastel sec, oil stick et peinture à l’huile. J’ai déjà parlé des bâtonnets de couleur à l’huile ici (oil stick Sennelier), de leur qualités et défauts. Véritable huile solide, ils se mélangent parfaitement avec l’huile traditionnelle. Ne pas oublier que leur utilisation se fait surtout en y mettant les doigts. Donc, des gants en latex peuvent être recommandés.
J’ai selon les cas, commencé à dessiner et mis en place la couleur avec du pastel sec. Puis fixé celui-ci avant de revenir sur la base avec les sticks ou la peinture à l’huile. Ça fonctionne très bien. Le pastel sec ne se mélangeant pas avec l’huile, j’ai pu m’en servir en le laissant apparaître parfois entre les touches de peinture. Le plus gros avantage que je vois aux bâtonnets de couleur (huile ou pastel), c’est cette rapidité qu’il y a à poser une couleur sans avoir à la fabriquer sur la palette. C’est très instinctif. Et en travaillant avec une gamme limitée, des couleurs inattendues, voire un peu “sauvages”, peuvent apparaître faute de choix.

Hiver en Vaucluse

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Église de Sainte Colombe.

Petite escapade dans le Vaucluse au pied du Mt Ventoux en cette fin de janvier. Le soleil et le ciel bleu assurés. Il fallait aussi compter sur des matinées particulièrement froides. Les gelées quotidiennes n’ont pas eu raison de ma détermination à poser ma boîte de peinture sur le motif. Dire que peindre au lever du jour par moins 5° fut agréable et facile, serait exagérer. Contraints par une grosse parka, mes gestes sont gauches et mécaniques. Le froid peu à peu rigidifie mes doigts. Peindre avec des gants me fait perdre la sensation des appuis, de la précision. Le manche des pinceaux glisse entre mes doigts. Les après-midi seront bien plus agréables. En cette saison, les paysages sont lumineux et magnifiques, teintés principalement d’ocre, de brun qui virent selon l’heure et la lumière aux nuances de mauve et de rose. Quelques touches de vert parfois tendre, parfois sombre ponctuent des parcelles incertaines. Les rangées de vignes plantées sur le sol calcaire, dessinent des lignes parallèles en descendant mollement la pente des vallons. Quelques chênes, par leur position dominante, magnifient des bosquets en conservant à leur cime une parure de couleur or. Dans le lointain, sur l’horizon occulté par les premières pentes du Ventoux, une fumée laiteuse monte paresseusement vers le ciel. Un chien aboie quelques instant, et le silence paisible revient, m’enveloppe de nouveau. Il ne reste plus que le chuchotement du pinceau posant la couleur sur le support.

Combe de Saint Estève.
Combe de Saint Estève.
Combe de Saint Estève.
Combe de Saint Estève. Au loin Bedoin, en fond les Dentelles de Montmirail.
Combe de Saint Estève. En fond le Ventoux enneigé.
Combe de Saint Estève.
Combe de Saint Estève.
Sortie de Sainte Colombe. Sur la route du Ventoux.
Combe de Saint Estève. Les vignes.
Bedoin, combe de Curnier aux Colombets.
Sainte Colombe.
Combe de Saint Estève. Les vignes.
Bedoin, les Couguious et la falaise d’ocre.
Les Bruns depuis la combe de Saint Estève.

L’avenir est passé

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Passent les heures, passent les jours, les années et s’enfuit le temps comme le sable du désert coule entre des doigts gourds. Combien de silhouettes devenues vacillantes, de visages fugitifs, de voix atones peuplent mes souvenirs. Il y a les figures des proches qui ont fait le miel de mon enfance, souvent la contrariété de mon adolescence et ont révélé mon impuissance face à leur déclin. Combien de vies croisées, d’hommes et de femmes rencontrés, salués amicalement ou enlacés affectueusement dont je ne sais plus rien…de leur existence ou de leur absence. Des vides se créent et ne se comblent que de fugitives illusions. Ceux qui se sont perdus en route, ne retrouvent que rarement le chemin. À force d’attendre, de remettre à demain, la trace ténue qui nous relie s’estompe pour devenir aussi discrète qu’un fil de soie.
Parfois, sans avoir fait appel à quelque incantation, un visage, une voix réapparaissent pourtant et prennent possession de mon esprit. L’incarnation est éphémère et entretenir un lien avec elle est tout aussi impossible. Un avatar n’est de nulle part et n’a rien à dire. Je me retrouve alors stupide, face au miroir à sonder dans la profondeur des reflets ma propre solitude et à douter de ma réelle existence.

Il était une fois

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Le livre existe pour raconter des histoires. De vrais histoires d’hommes, d’animaux, de plantes. Des fables qui racontent un autre passé, un futur qui n’existe pas et aussi des paraboles mille fois refaçonnées pour rassurer l’être face à l’inconnu.
Si le livre écrit a ses mots pour faire rire, pleurer ou réfléchir, et s’il m’emporte vers la culture de l’esprit, le livre d’images avec ses empreintes colorées sur papier blanchi, possède à sa manière une autre force d’évocation.
L’album photo familial sitôt entrouvert, exhale d’entre ses pages plastifiées, la joie, l’amitié, l’amour réussi ou l’amour trahi, la naissance ou le souvenir de la disparition. C’est étonnant comment ce catalogue de moments passés, parvient à revisiter l’histoire des uns et des autres. Sur les plus vieilles images imprégnées de blanc et de gris, parfois floues ou à la limite de l’effacement renaissent incessamment les personnages qui ont accompagné mon parcours.
A cette époque, la photo devait fixer pour “presque” l’éternité le mieux que nous étions. Il fallait observer la cérémonie du “bien habillé”, du sourire et surtout celle de l’immobilité en fixant l’objectif.


Dans le vieil album photo certaines vies silencieuses attendent impatiemment mon passage. Sous mon regard indulgent elles s’animent, reprennent de la couleur. Le récit se fait tantôt drôle tantôt dramatique. Je me moque gentiment…un peu, et parfois même beaucoup. Non mais, comment étions nous accoutrés à cette époque!
Sous mon œil observateur, un détail ignoré apparaît et recompose la scène avec un nouvel éclairage. La photo, c’est cet instant là, précis, celui qui défie le temps. Elle devient le rocher immuable à l’ombre duquel coule une source. Alors quand les visages aimés s’effacent de ma mémoire, quand le grain de leur voix faiblit, je me penche humblement sur l’onde claire.
Sur la photo, il y a les êtres qui sont, ceux qui ne sont plus et ceux qui se sont perdus dans les pages. Partis, sans un aurevoir, dans l’indifférence parce que…parce qu’il y a tant de raisons d’oublier les autres pour ne pas se détourner de son empressement. Tiens, mais comment s’appelait-t’il déjà, qu’est-il devenu ?


Dans ce grand recueil de vies passées et à grandir, tout le monde y est beau, les sourires me sont adressés comme un hommage, un éternel encouragement pour l’avenir.
Malgré l’absence de couleurs, l’image raconte la clarté ocre d’un jour d’été. Je ressens encore cette ambiance chaude et cette lumière si dure, si haute qui me faisait cligner des yeux et souligne mon visage d’une ombre comme si je portais un masque. Je me souviens bien de cette couleur vert tendre que tu portais. Par contre, je ne sais plus qui tu regardes en dehors du cadre. Ta petite “mère” aux bras si doux et au baisers si tendres ou un inconnu qui semble t’inquiéter.
Les photos d’autrefois méritent bien plus qu’une place au profond d’une armoire aux senteurs de naphtaline ou de santal. Les vieilles images sont des messages sans cesse renaissants auprès des générations futures. Elles sont un monde entier, un monde en soi, que personnellement je ne saurais oublier.

Incertitudes

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Lorsqu’on parle “d’incertitude”, c’est souvent face à notre avenir. En pensant à notre futur qu’il soit proche ou lointain. C’est la grande incertitude née de l’incroyable complexité du monde, de sa phénoménale puissance indomptée. Il serait temps alors que l’on se rende compte que nous ne sommes pas des “dieux” sur terre. Ni attendus, ni élus.
La grande incertitude, génère de l’angoisse mais aussi du plaisir, comme celui que l’on peut éprouver en s’avançant vers l’inconnu. La certitude s’affirme souvent par des preuves, des faits établis, vérifiés, approuvés. La certitude serait en quelque sorte liée à la vérité. À contrario, l’incertitude serait-elle alors l’expression du mensonge. L’un n’est pas le pendant de l’autre. Si l’incertitude est liée au doute, ce dernier ne serait-il pas un équilibre instable entre la vérité qu’on souhaite et une réalité que l’on imagine ambiguë.
Je laisse tous les philosophes et tous les penseurs épiloguer sur le sujet plus efficacement que je ne peux le faire.


Pour ma part, je m’intéresse d’avantage aux “incertitudes”, à ces petites interrogations qui peuvent se poser chaque jour à ma réflexion et qui sont après tout sans aucune importance, et passent dans leur grande majorité totalement inaperçues. J’aime lorsque l’interrupteur fait “clic-clac” et que l’ampoule s’éclaire et s’éteint. Là, c’est clair ! Mais je n’ai jamais su lequel du clic ou du clac allumait et éteignait. Vous comprenez qu’après une petite réflexion, que dis-je un petit moment d’arrêt sur soi-même, la certitude fait place à l’incertitude et bien des questions se posent. Que se passe t’il exactement entre le clic et le clac ? La lumière est ou n’est pas ? De même une balle qui n’atteint pas son but, à quel moment infléchi t’elle sa ligne pour tomber ? Qu’en est-il lorsqu’on dit que le verre est à moitié plein ou à moitié vide. On peut penser que l’optimiste le voit à moitié plein et le pessimiste à moitié vide. Mais les rôles peuvent s’inverser. Le pessimiste peut se réjouir qu’il n’a jamais été aussi proche de le remplir. Et l’optimiste songer tristement que son verre sera bientôt vide. Finalement, on n’y comprend plus rien. On est perturbé. Chemin faisant, devant vous se dresse un bloc sombre, une barrière d’improbables ténèbres. L’heure passant, de ce magma indistinct émergent prairies verdoyantes, vallons aux sources claires, falaises pourpres et mordorées. Votre vision vous aurait-elle trompé. Peut-on faire confiance à sa vision alors que le temps évolue incessamment. Doit-on douter de sa capacité à représenter le monde dans sa réalité puisque celui-ci est en mouvement permanent.


Ce qui m’intrigue le plus, c’est par exemple ce moment de la journée que l’on nomme “entre chien et loup”. Je n’ai jamais compris à quel moment sortait le loup et se cachait le chien. Le savez-vous ? J’ai là quelques images qui sont à cette distance du clair et du sombre. Précisément à l’endroit même où ne peut pas se situer un interrupteur. Sommes nous à l’aube, au couchant ? Quelqu’un a dit “il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée”. Mais non voyons ! Une porte entrouverte est si prometteuse, si propice à l’imagination, et à quelques fantasmes aussi. Une peinture entre chien et loup, c’est la représentation d’un moment qui ne saurait basculer vers la lumière ou l’obscurité. C’est un mélange de signes visibles, distincts, de connaissance et de confusion mêlées. Je ne certifie rien des sujets, de leur moment, de leur heure, ou de leur lieu, encore moins de leur crédibilité. Ces peintures sont tout simplement le reflet de mes petites incertitudes.

Nous essayons de nous entourer d’un maximum de certitudes, mais vivre, c’est naviguer dans une mer d’incertitudes, à travers des îlots et des archipels de certitudes sur lesquels on se ravitaille…
Edgar Morin.

Bois et campagnes

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J’ai toujours beaucoup de courage pour peindre le matin et beaucoup moins le soir. Je n’ai pas grand mérite car j’ai tendance à me lever naturellement vers 6h. En quelque sorte une horloge programmée en tête. Être en place au lever du jour me procure bien des plaisirs. Une belle lumière, mais surtout ici, dans la campagne morbihannaise, la rencontre presque quotidienne avec quelques chevreuils. En revenant plusieurs fois au même endroit je me suis rendu compte que ces derniers s’habituaient à ma présence. Les champs de blé n’étaient pas encore moissonnés et les chevrettes accompagnées de leurs faons gitaient en leur plus grande hauteur. Les premiers jours au bruit de mes pas, les mères détalaient en sauts gracieux, froissant les blés, abandonnant les petits déjà convaincus que l’immobilité et le silence étaient leur seule chance de survie.
Puis, jour après jour à mon passage, elles relevaient uniquement la tête pour estimer le danger. Je voyais alors juste leurs oreilles et leurs grands yeux noirs émerger d’une mer d’épis dorés. Sans doute existait-il une certaine reconnaissance pour qu’elles ne fuient pas. Je leur parlais doucement chaque fois que je passais. Leur demandant comment elles allaient, n’espérant bien entendu aucune réponse. Mais l’absence de fuite était déjà un joli signe de confiance et un beau contact.

Et puis, un jour, ma peinture finie et déjà sur le retour, le long du champ de blé j’aperçois deux faons au loin, jouer sur le chemin. Je tente le tout pour le tout. Je connais la légendaire curiosité des chevreuils. Je me mets alors à les siffler très doucement comme lorsqu’on appelle son animal familier. Et les voilà tout à coup interrompant leur jeu, m’aperçoivent et gambadent vers moi à toute allure. Le premier arrive à quelques mètres et saute soudainement dans le champ de blé. L’autre me vient dessus et s’arrête à portée de main. Il me regarde quelques instants et comprenant son erreur, disparaît lui aussi d’un bond désordonné  dans les blés. Quelle émotion ! Je suis resté un bon moment comme absent. Avec un vide inexplicable. Ma plus belle rencontre depuis bien longtemps.Toujours lors de mes peintures matinales, il y a eu aussi le chevreuil venu manger à quelques mètres de mon chevalet. Et moi immobile, caché derrière ma boite de couleurs, pendant un temps infini pour qu’il ne détecte pas ma présence. Il était si proche que je l’entendais mâcher les herbes et autres plantes que ces beaux mammifères sélectionnent avec gourmandise.
Et puis tant d’autres chevreuils et chevrettes traversant prudemment l’espace découvert d’un bois, d’une prairie sans me deviner ni me sentir. Tout un monde sauvage et libre qui malgré des territoires de plus en plus segmentés par l’homme continuent à vivre pour mon plus grand étonnement et plaisir, en silence et en toute discrétion.

Passion sauvage

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Âmes sensibles passez votre chemin ! Aujourd’hui, ça va être brutal ! Du sang, du bruit, de la fureur et plus rarement des larmes. Les combats de coqs produisent des images aussi fantastiques qu’impressionnantes de violence.

Il est évident que ces combats (savamment préparés), s’ils produisent des images fantastiques pour un photographe ou vidéaste, n’en demeurent pas moins une pratique contestable et très contestée. L’attrait du mouvement, de la couleur, de la dynamique générale et peut-être aussi de l’aspect du drame sous-jacent qui se joue dans ces affrontements de plumes, de becs et d’ergots ne peuvent que provoquer de l’intérêt pour un peintre.
En dehors de l’aspect “esthétique” reflété par l’image, j’ai voulu en savoir un peu plus sur cette pratique que certains qualifient de “loisirs”, d’autres de “spectacle” ou encore de “sport” à dimension sociale. Je pensais que les combats de coqs étaient interdits en France. Il n’en est rien. Tout comme la tauromachie, il existe des exceptions dans certaines régions où elle est considérée comme une tradition locale ininterrompue (Hauts de France et Outre-mer). La France fait partie des 27 pays dans le monde à autoriser les combats de coqs et reste un des 3 derniers pays européens à tolérer cette pratique.

Les coqs ont une tendance naturelle à se battre. Profitant de ce fait inné, l’éleveur sélectionne les oiseaux les plus agressifs, les plus forts, les plus endurants afin d’obtenir une vraie “bête” de combat. Génération après génération, le “coqueleur” conserve les poussins mâles et 2 à 3 femelles de la couvée de manière à forcer l’accouplement entre les meilleurs individus. Après l’éclosion, les poussins mâles sont séparés plus ou moins tôt. Vers 5 mois les animaux commencent à devenir dangereux et sont séparés de la volière commune. Chaque coq est isolé dans son propre enclos ce qui les rend très agressifs. Bien souvent il reçoit une alimentation particulière, car il est considéré comme un sportif de haut niveau. Comme tout athlète, son entrainement peut commencer.

Dans le nord de la France, la préparation physique débute par de la course et des exercices de musculation, suivie par des combats d’entraînement avec les ergots protégés pour éviter les blessures. Le premier combat d’entraînement commence en général vers 8 mois. Il a pour but de savoir si le sujet est assez combatif pour poursuivre une carrière complète. Pour le premier combat officiel, leur crête est coupée ainsi que les ergots, remplacés par un aiguillon tranchant qui peut atteindre 5 cm.
Les “coqueleux” mettent les coqs face à face, les excitent de la voix et du geste et les lâchent dans le “gallodrome” au milieu des cris des parieurs. La rixe à mort est limitée à 6 minutes. Une fois le combat terminé, le perdant est cuisiné et consommé.

Chaque pays dispose de coutumes, d’usages différents. Certaines pratiques sont plus que suspectes et peuvent être qualifiées d’actes sadiques.
Pour la préparation du coq antillais par exemple, son dos est déplumé, le ventre et les cuisses, la peau est badigeonnée de tafia (rhum de seconde qualité) et exposée au soleil. Elle se durcit, devient rouge vif et forme une carapace dure et insensible. Tout est fait pour éviter la perte de sang qui affaiblirait l’animal durant le combat. Les rémiges (grandes plumes de l’aile) sont taillées. Les caroncules (excroissances charnues et rouges qui se voient au front, à la gorge, aux sourcils des oiseaux) sont coupées. La crête est rasée pour ne pas laisser de prises à l’adversaire. Enfin, les ergots sont sectionnés dès les 12 à 14 mois. Il existe également des moyens biochimiques (injection d’hormones mâles) ou le recours à des coqs domestiques comme victimes lors des entraînements, afin d’affûter l’agressivité des coqs.
Les combats de coqs étant d’une barbarie extrême, l’Association Stéphane LAMART s’y oppose fermement, au même titre que les combats de chiens, qui sont pour leur part interdits en France mais pratiqués parfois clandestinement.

Voilà un bref aperçu de cette “exploitation animale” qui peut en choquer plus d’un. Pour ma part si j’apprécie l’intérêt des documentaires que ces combats de coqs peuvent produire à titre d’information, et l’impact saisissant des photos, j’avoue ne pas militer pour défendre cette “pratique” qui me paraît totalement en dehors de notre temps.

Pêle-mêle

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Un ensemble de peintures des mois de mars et d’avril tout en bloc. Principalement sur le Morbihan. Quelques personnages discrets, minuscules silhouettes déambulent dans le paysage. Un peu perdus sans doute. Prendront t’ils plus de place dans l’avenir ? Avant tout ce travail sur les ciels. Ces ciels qui se font et se défont continuellement, comme une marée de vagues. Si neufs et si anciens dans le même temps.
(Dommage que le format du blog ne permette pas la publication de reproductions plus grandes.)

Plumes noires

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On ne les aime pas trop ces oiseaux plutôt noirs au chant un peu rauque. Corneilles et corbeaux sont mal vus dans les campagnes. Les jeunes semis, le maïs, le tournesol, le soja, etc…sont des cultures régulièrement attaquées. La corneille est chassée, piégée et de fait elle nous le rend bien en étant très farouche. Le corbeau à l’inverse est bien plus sociable et peut se rapprocher des habitations. La corneille est souvent confondue avec le corbeau…de même, elle n’est pas la femelle du corbeau. Ces oiseaux sont d’une intelligence remarquable et savent utiliser des outils dans certaines occasions (cailloux, branches). Les corvidés ont très bien compris que nos poubelles sont de fantastiques réserves de nourriture. Les corneilles savent reconnaître l’alimentation à travers les sacs transparents. Ces sacs transparents se trouvant la plupart du temps éventrés, l’utilisation de poubelles en plastique rigide est fortement recommandée.
En période de reproduction, les corneilles peuvent défendre avec acharnement leur progéniture par des vols d’intimidation, des coups de becs ou de pattes. Gare à vous !

Quel est donc le lien entre les corneilles et le fait de bailler ? Contrairement à ce que l’on pense, l’expression s’écrit “bayer aux corneilles”, et ça change un peu les choses. Mais on peut se montrer indulgent envers celui qui confond les orthographes.
Au XVIe siècle, le terme “corneille” s’est étendu en désignant un objet insignifiant, sans importance. “Voler pour corneille” exprimait le fait de chasser un gibier sans valeur. Cet usage du mot “corneille” renforce l’image de futilité que nous associons aujourd’hui à “bayer aux corneilles”. Bayer est une variante de “béer” qui signifie “avoir la bouche ouverte”. Selon le sens des différents termes qui constituent cette expression, nous pourrions ainsi la traduire par “rester la bouche ouverte devant une chose sans intérêt”.

D’azur et de cendres

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Enfant, par les belles journées d’été, dans ma campagne Normande, je m’allongeais dans l’herbe tiède la tête tournée vers le ciel. Et là, par la force de mon désir ou peut-être par le hazard des turbulences atmosphériques, de l’azur naissait soudainement d’audacieux nuages. En groupe ou en solitaire, ils traversaient mon champ de vision sans se presser, me livrant leur fantasmagorique imagerie. Toutes sortes d’animaux défilaient ainsi sous mes yeux se formant, se déformant, s’effilochant comme la barbe à papa. Bien souvent, des figures burlesques m’apparaissaient, celles avec une grosse tête, un gros nez ou de grandes oreilles. D’autres silhouettes plus menaçantes, cachées parmi d’innocents nuages, germaient sournoisement. Mesquines, elles se déformaient devenant géantes et, tutoyant la voûte céleste assombrissaient soudainement le jour. Alors, la nature toute entière s’immobilisait, les arbres ne bruissaient plus, et sur ma peau d’enfant, un frisson de peur dressait mon duvet. Mais, la lumière revenait et la vie un moment perturbée, reprenait son souffle tendre et doux.

Aujourd’hui, je ne m’allonge plus dans l’herbe. Non qu’il n’y ait plus de nuages, le ciel en est tant et tant chargé. Mais il y a quelque chose dans leur forme et leur couleur qui ne m’inspire plus confiance. Sans doute ai-je perdu en vieillissant cette part d’enfance et d’imagination qui faisaient se dessiner sous mes yeux innocents un monde féerique et joyeux. Le ciel s’est obscurci en même temps que mon esprit. Du fond de l’horizon, pourtant pas si distant, de lourds et pestilentiels cumulus chargés de rancœur se sont formés alors que j’étais aveugle. Aveugle, comme un enfant fermant les yeux pour occulter le danger qui arrive. Des poussières noires et poisseuses ont envahi l’espace libre. Des arcs électriques ont embrasé les nuages, résonnant sous leur ventre douloureux. Les jours et les nuits se sont chargés de mercures et de poisons sulfurés brûlant l’oxygène, étouffant la vie en tout endroit. Sous le masque impassible de l’infâme, couvait le feu vengeur de la guerre et roulaient depuis longtemps les tambours d’un ordre nouveau. Les foudres sont lancées dans un ciel d’obsidienne. Les nuages liquéfiés, pleurent du sang sur le pauvre sort des hommes.

L’immensité bleue a fait place aux ténèbres et aux sombres desseins. Des lueurs de feu transpercent les nuages, frappent en cohortes meurtrières les enfants qui ; hier encore regardant de leurs yeux grands ouverts, l’azur et ses nuages candides, attendaient des signes d’avenir et des promesses de bonheur. Pendant ce temps, une poignée de fous avaient déjà décidé de réduire en cendres à jamais leurs rêves les plus éblouissants.
L’ordre de la nature a toujours fait fi des querelles humaines et les crimes même impunis n’ont jamais empêché l’aube de renaître. Tôt ou tard, le ciel retrouvera ses couleurs et son harmonie resplendira de plus belle. Il le faudra bien !