
Âmes sensibles passez votre chemin ! Aujourd’hui, ça va être brutal ! Du sang, du bruit, de la fureur et plus rarement des larmes. Les combats de coqs produisent des images aussi fantastiques qu’impressionnantes de violence.
Il est évident que ces combats (savamment préparés), s’ils produisent des images fantastiques pour un photographe ou vidéaste, n’en demeurent pas moins une pratique contestable et très contestée. L’attrait du mouvement, de la couleur, de la dynamique générale et peut-être aussi de l’aspect du drame sous-jacent qui se joue dans ces affrontements de plumes, de becs et d’ergots ne peuvent que provoquer de l’intérêt pour un peintre.
En dehors de l’aspect “esthétique” reflété par l’image, j’ai voulu en savoir un peu plus sur cette pratique que certains qualifient de “loisirs”, d’autres de “spectacle” ou encore de “sport” à dimension sociale. Je pensais que les combats de coqs étaient interdits en France. Il n’en est rien. Tout comme la tauromachie, il existe des exceptions dans certaines régions où elle est considérée comme une tradition locale ininterrompue (Hauts de France et Outre-mer). La France fait partie des 27 pays dans le monde à autoriser les combats de coqs et reste un des 3 derniers pays européens à tolérer cette pratique.

Les coqs ont une tendance naturelle à se battre. Profitant de ce fait inné, l’éleveur sélectionne les oiseaux les plus agressifs, les plus forts, les plus endurants afin d’obtenir une vraie “bête” de combat. Génération après génération, le “coqueleur” conserve les poussins mâles et 2 à 3 femelles de la couvée de manière à forcer l’accouplement entre les meilleurs individus. Après l’éclosion, les poussins mâles sont séparés plus ou moins tôt. Vers 5 mois les animaux commencent à devenir dangereux et sont séparés de la volière commune. Chaque coq est isolé dans son propre enclos ce qui les rend très agressifs. Bien souvent il reçoit une alimentation particulière, car il est considéré comme un sportif de haut niveau. Comme tout athlète, son entrainement peut commencer.

Dans le nord de la France, la préparation physique débute par de la course et des exercices de musculation, suivie par des combats d’entraînement avec les ergots protégés pour éviter les blessures. Le premier combat d’entraînement commence en général vers 8 mois. Il a pour but de savoir si le sujet est assez combatif pour poursuivre une carrière complète. Pour le premier combat officiel, leur crête est coupée ainsi que les ergots, remplacés par un aiguillon tranchant qui peut atteindre 5 cm.
Les “coqueleux” mettent les coqs face à face, les excitent de la voix et du geste et les lâchent dans le “gallodrome” au milieu des cris des parieurs. La rixe à mort est limitée à 6 minutes. Une fois le combat terminé, le perdant est cuisiné et consommé.

Chaque pays dispose de coutumes, d’usages différents. Certaines pratiques sont plus que suspectes et peuvent être qualifiées d’actes sadiques.
Pour la préparation du coq antillais par exemple, son dos est déplumé, le ventre et les cuisses, la peau est badigeonnée de tafia (rhum de seconde qualité) et exposée au soleil. Elle se durcit, devient rouge vif et forme une carapace dure et insensible. Tout est fait pour éviter la perte de sang qui affaiblirait l’animal durant le combat. Les rémiges (grandes plumes de l’aile) sont taillées. Les caroncules (excroissances charnues et rouges qui se voient au front, à la gorge, aux sourcils des oiseaux) sont coupées. La crête est rasée pour ne pas laisser de prises à l’adversaire. Enfin, les ergots sont sectionnés dès les 12 à 14 mois. Il existe également des moyens biochimiques (injection d’hormones mâles) ou le recours à des coqs domestiques comme victimes lors des entraînements, afin d’affûter l’agressivité des coqs.
Les combats de coqs étant d’une barbarie extrême, l’Association Stéphane LAMART s’y oppose fermement, au même titre que les combats de chiens, qui sont pour leur part interdits en France mais pratiqués parfois clandestinement.
Voilà un bref aperçu de cette “exploitation animale” qui peut en choquer plus d’un. Pour ma part si j’apprécie l’intérêt des documentaires que ces combats de coqs peuvent produire à titre d’information, et l’impact saisissant des photos, j’avoue ne pas militer pour défendre cette “pratique” qui me paraît totalement en dehors de notre temps.





